Face(s) cachée(s)

Comment se construire en tant qu’adolescent aujourd’hui, quelle est la place des filles et des garçons et comment faire bouger les lignes au moment où une part importante des contenus audiovisuels (publicité principalement) sexualisent les corps, normes les relations femmes-hommes et assignent les individus dans des rôles. Ces « assignations » à être ou ne pas être ont un impact important sur les adolescents. C’est dans ce contexte que des élèves de 4ème du Blanc-Mesnil se sont engagés cette année dans le projet « Cuerpos ».

C’est dans le cadre de ce projet que les élèves de 4ème 3 du collège René Descartes ont été invités à interroger la question du genre et ses représentations, la place de chacun, filles et garçons au moment de l’adolescence. Leur rencontre et leur collaboration avec la photoreporter Delphine Blast leur a donné l’occasion de mettre cette réflexion en pratique. Prenant pour point d’ancrage les séries photographiques de l’artiste, «Quinceañera [1] », « Cholitas [2]» mais également « Soy del ambiante [3]», l’artiste a accompagné ces jeunes dans la réalisation de portraits originaux. Avec pour objectif de dépasser les lieux communs, se donner à voir différemment et proposer, en retour, une image d’eux-mêmes plus complexe, leurs faces cachées.

Pendant tout un trimestre, ces élèves ont suivi – à un rythme soutenu, les ateliers photographiques de Delphine Blast. Avec comme objectif de brouiller visuellement les pistes, ils sont partis à la recherche de leur-s face-s cachée-s. En parallèle de ces sessions de pratique les élèves ont pu interroger, à travers la figure des Cholitas boliviennes[1], la question des discriminations fondées sur le genre mais également les évolutions et les perspectives possibles. En effet longtemps discriminées, ces « cholitas » s’affirment aujourd’hui davantage dans la société bolivienne et n’ont plus peur de s’afficher dans l’espace public et de revendiquer leur appartenance à la culture et aux traditions amérindiennes. Un lien important a d’ailleurs été réalisé avec la civilisation latino-hispanique.
Cette question de l’assignation à une identité figée, à des rôles dans la société définis par le seul critère du genre mais aussi l’émergence des problématiques liées au l’identité de genre « neutre » a par ailleurs pu être approfondi avec une ethnologue dans le cadre d’un atelier consacré au genre et à ses constructions sociales.
En mars la classe approfondira la question des représentations de genre dans les médias, en participant à l’atelier « La publicité a-t-elle un genre ? » au Forum des Images.
En avril, le projet se concluera par une visite de l’exposition « Médiations », au Jeu de Paume, rétrospective consacrée à la photoreporter américaine Susan Meiselas.

Aux questions «Comment se construire en tant qu’adolescent aujourd’hui ? Quelle est la place des filles et des garçons et comment faire bouger les lignes ? », ces élèves ont, par leur engagement, apporté quelques éléments de réponse : par l’ouverture aux autres, l’affirmation commune d’une pensée et d’une créativité et le partage collectif de valeurs comme la tolérance et la liberté de choix.

[1] Dans le cadre d’une visite de l’exposition « Cholitas, la revanche d’une génération », The Chata Gallery (structure éphémère)

[1] La « Fête des quinze ans » est une fête traditionnelle dans le monde latino-hispanique qui marque le passage de l’enfance à la vie adulte pour les jeunes filles âgées de quinze ans. Série réalisée en Colombie.

[2] Le terme « Cholitas » désigne ces femmes, indigènes et pauvres longtemps mises au ban de la société bolivienne. Leur situation et leur visibilité s’est progressivement amélioré ces dernières années. http://information.tv5monde.com/terriennes/les-cholitas-une-autre-revolution-bolivienne-3380

[3] Série photographique réalisée sur la place des personnes transgenre à La Paz, Bolivie.

Les acteurs du projet « Cuerpos »
Artiste : Delphine Blast, photographe
Les élèves de 4ème 3 du collège René Descartes, de Le Blanc-Mesnil
Professeurs : Nabil Laroui, professeur d’espagnol et Laïla Gatoui, professeure de lettres.
Chargé de projets : Clément Tramoy

*Ce projet a été conçu et mis en œuvre dans le cadre du dispositif « La Culture et l’Art au collège » initié par le Conseil général de la Seine-Saint-Denis.